"Tu crois qu’ils nous écoutent, les gens ?"
Je suis en train de réécouter des cassettes de L'Oreille en coin prêtées par Guy Senaux. J'ai déjà parlé de lui précédemment. Chef opérateur à Radio France, il a travaillé pendant plus de 15 ans à L'Oreille. Codou et Garretto aimaient bien faire appel régulièrement aux mêmes opérateurs et preneurs de son (les deux statuts principaux des techniciens à Radio France). Ainsi, sur une même année, quatre équipes de deux techniciens se relayaient, chacune une semaine par mois. Voilà qui encourageait l'esprit d'atelier, l'esprit de famille.
Je dois beaucoup à Guy Senaux. D'abord, il m'a prêté des archives sonores de l'émission. Avant lui, je n'avais que des souvenirs personnels, et uniquement de L'Oreille du dimanche matin. Aujourd'hui, d'une certaine manière, je sais de quoi je parle. Ou de quoi je veux parler. J'ai entendu l'ironie du ton, l'humour, le rythme, les musiques, les innovations, les prises de risques, les voix, les écritures.
Je dois aussi à Guy Senaux d'avoir rencontré en novembre Yann Paranthoën, disparu fin février, qui a travaillé aussi une bonne douzaine d'années à L'Oreille en coin comme preneur de son, tout en devenant l'un des plus grands documentaristes radio. J'ai mis l'entretien en ligne. Je reparlerai posément de cette rencontre marquante et de ce que j'y ai appris.
Ah oui, le contact de Guy m'a été donné par Michel Gonzalès, alias Emmanuel Den, qui a longtemps été reporter et producteur à L'Oreille en coin, où il a commencé avec Kriss. J'espère pouvoir discuter avec lui en face à face un de ces jours. Je lui dois déjà pas mal d'avancées, et nous n'avons pu nous entretenir que quelques minutes par téléphone.
Je disais donc que je réécoutais des cassettes prêtées par Guy Senaux. Je retranscris des notes prises au fil de la première écoute. Et j'ai retrouvé ce passage d'une séquence de Daniel Mermet, intitulée "Clafoutis et Tombola".
Un dialogue surréaliste et vaguement inquiétant, dit sur un ton de comptine d'enfants. Les voix des deux personnages sont déformées, accélérées ou ralenties par jeu de bande magnétique.
"Dis donc, Clafoutis, tu crois que c’est encore loin ?
- J’en sais rien, Tombola. J’en sais rien. Oui, c’est plus plus loin. Non, c’est moins loin.
- Plus loin. Tu veux dire : plus haut, Clafoutis. Plus haut.
- Plus haut, Tombola, plus haut. Si tu veux.
- C’est pas si je veux. C’est plus haut. Ça monte !
- Tu as raison, ça monte.
- On aurait dû prendre l’ascenseur.
- Tu vas la faire tomber.
- C’est lourd. C’est tellement lourd.
- On peut s’arrêter au prochain étage, si tu es fatiguée.
- J’ai pas dit que j’étais fatiguée, j’ai dit que c’est lourd. Mais on s’arrêtera pas au prochain étage. Pendant qu’on y est, moi j’ai hâte d’être arrivée. Tu crois qu’ils nous écoutent, les gens ? Tu crois qu’ils nous entendent ?
- Il y a personne. Mais peut-être qu’ils nous écoutent, derrière leurs portes, l’oreille collée dans le trou de la serrure
- J’ai hâte d’être arrivée. (...)"
Dernières phrases : "Je n’ai pas de cheveux, de dents, de peigne... Je n’ai pas de pieds. Je n’ai pas de cerveau. Je n’existe pas".
On dirait du Tardieu !
Merci à Guy pour me permettre d'entendre ça. Je retournerai aussi vers François Jouffa, qui a toute une collections d'archives, des cassettes, de bandes magnétiques. Je n'ai pas encore parlé de François Jouffa ? Hum hum. Ça ne saurait tarder...
Je dois beaucoup à Guy Senaux. D'abord, il m'a prêté des archives sonores de l'émission. Avant lui, je n'avais que des souvenirs personnels, et uniquement de L'Oreille du dimanche matin. Aujourd'hui, d'une certaine manière, je sais de quoi je parle. Ou de quoi je veux parler. J'ai entendu l'ironie du ton, l'humour, le rythme, les musiques, les innovations, les prises de risques, les voix, les écritures.
Je dois aussi à Guy Senaux d'avoir rencontré en novembre Yann Paranthoën, disparu fin février, qui a travaillé aussi une bonne douzaine d'années à L'Oreille en coin comme preneur de son, tout en devenant l'un des plus grands documentaristes radio. J'ai mis l'entretien en ligne. Je reparlerai posément de cette rencontre marquante et de ce que j'y ai appris.
Ah oui, le contact de Guy m'a été donné par Michel Gonzalès, alias Emmanuel Den, qui a longtemps été reporter et producteur à L'Oreille en coin, où il a commencé avec Kriss. J'espère pouvoir discuter avec lui en face à face un de ces jours. Je lui dois déjà pas mal d'avancées, et nous n'avons pu nous entretenir que quelques minutes par téléphone.
Je disais donc que je réécoutais des cassettes prêtées par Guy Senaux. Je retranscris des notes prises au fil de la première écoute. Et j'ai retrouvé ce passage d'une séquence de Daniel Mermet, intitulée "Clafoutis et Tombola".
Un dialogue surréaliste et vaguement inquiétant, dit sur un ton de comptine d'enfants. Les voix des deux personnages sont déformées, accélérées ou ralenties par jeu de bande magnétique.
"Dis donc, Clafoutis, tu crois que c’est encore loin ?
- J’en sais rien, Tombola. J’en sais rien. Oui, c’est plus plus loin. Non, c’est moins loin.
- Plus loin. Tu veux dire : plus haut, Clafoutis. Plus haut.
- Plus haut, Tombola, plus haut. Si tu veux.
- C’est pas si je veux. C’est plus haut. Ça monte !
- Tu as raison, ça monte.
- On aurait dû prendre l’ascenseur.
- Tu vas la faire tomber.
- C’est lourd. C’est tellement lourd.
- On peut s’arrêter au prochain étage, si tu es fatiguée.
- J’ai pas dit que j’étais fatiguée, j’ai dit que c’est lourd. Mais on s’arrêtera pas au prochain étage. Pendant qu’on y est, moi j’ai hâte d’être arrivée. Tu crois qu’ils nous écoutent, les gens ? Tu crois qu’ils nous entendent ?
- Il y a personne. Mais peut-être qu’ils nous écoutent, derrière leurs portes, l’oreille collée dans le trou de la serrure
- J’ai hâte d’être arrivée. (...)"
Dernières phrases : "Je n’ai pas de cheveux, de dents, de peigne... Je n’ai pas de pieds. Je n’ai pas de cerveau. Je n’existe pas".
On dirait du Tardieu !
Merci à Guy pour me permettre d'entendre ça. Je retournerai aussi vers François Jouffa, qui a toute une collections d'archives, des cassettes, de bandes magnétiques. Je n'ai pas encore parlé de François Jouffa ? Hum hum. Ça ne saurait tarder...
1 Comments:
Alors il faudra tous les citer...
parce qu'il y avait ceux qui sont restés longtemps à l'Oreille en Coin, et ceux qui sont passés juste quelques mois ou quelques semaines...
Les noms me reviendront... mais pour illustrer la variétés des talents que l'Oreille en Coin à accueillis ou vu naître, allez on prend juste aujourd'hui Hugues Le Barz musicien ( on connaît le travail qu'il a fait pour Béjart) ou à Alex Métayer, humoriste... Et que leurs différences se juxtaposent dans une même émission était une des richesse de cette Oreille... bon j'arrête, j'ai sommeil
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