jeudi, mai 26, 2005

Le pain, la planche

Question : qui me reste-t-il à voir ?
Réponse (partielle et sans hiérarchie) : Jacques Mailhot, Patrick Burgel, Michel Guidoni, François Morasso, Yves Lecoq, Jean Amadou, Emmanuel Den, Daniel Mermet, Katia David, Thomas Sertillanges, Agnès Gribes, Christine Lamazière, Serge Le Vaillant, Michèle Lussan, Eve Ruggieri, Olivier Nanteau, Philippe Raynal, Elisabeth Lherminier, Daniela Lumbroso, Alain Chabat, Simone Ronger, Simone Depoux, Hélène Pommier, Roland Dhordain, Pierre Wiehn, Michèle Prudon, Claude Lelouch, Vincent Labaume...

mardi, mai 24, 2005

Traces d'oreille

Question récurrente des archives. Dans un mail reçu aujourd'hui, Gilles Davidas m'indique qu'en fait les simultanés de l'INA n'ont existé que pendant trois ans. Il existe donc vraisemblablement des archives in extenso de week-ends de L'Oreille en coin, mais moins que je pensais. Celles-ci ont-elles été conservées ? C'est la question.

Remerciements à un lecteur de ce blog, qui m'a envoyé hier un message me confirmant que la première année de L'Oreille, sous le nom de "TSF", était bien 1968. "Je l'écoutais du haut de mes 16 ans, et il y avait un ton... j'te dis pas !" Voilà aussi pourquoi je veux entendre des archives. Si un auditeur en parle de cette manière tant d'années après, ça donne pour le moins envie d'y plonger un tympan ou deux.

dimanche, mai 22, 2005

Trois extraits

Je sors la retranscription d'un entretien avec Marie-Odile Monchicourt, qui était à L'Oreille en coin à partir de 1977. J'en retire comme ça, à brûle-pourpoint, trois passages.

Le premier sur le renouveau de la radio par L'Oreille :
"Parce qu’il ne faut pas oublier qu’à cette époque, (...) Garretto et Codou ont été à la charnière d’un renouveau total de la radio. A ce moment-là, c’était encore le style speaker-speakerine. Ils ont cassé ce style-là. En plus, ils ont joué la carte féminine. C’était en plein mouvement féministe. Et nous on ne jouait pas du tout cette carte féministe, on jouait la carte féminine. Donc c’était… C’était très novateur de la part de Garretto et Codou. Donc ils aimaient les voix. Ils ont beaucoup joué les voix."

Le second sur les "identités" des différents modules de l'émission : samedi après-midi, dimanche matin, dimanche après-midi.
"J’ai fait plusieurs de choses, mais j’ai jamais fait le dimanche matin, par exemple. Pierre Saka, tout ça, c’était le dimanche matin. C’était toute une équipe de chansonniers. François Jouffa et Simon Monceau, avec Jeune jolie mais seule, eux, occupaient le samedi après-midi. Ils ont tenu l’animation du samedi après-midi pendant très longtemps. Après, j’ai moi-même tenu l’animation du samedi après-midi pour d’autres choses. Mais ma partie identitaire réelle, c’était le dimanche après-midi, où là ils avaient fondé une équipe, où on était toute une bande de femmes. Il y avait Agnès Gribes, Paula Jacques, Kriss, Katia David et moi. Puis il y a eu Leila Djitli qui est arrivée ensuite. Mais on était surtout des femmes. Certains hommes étaient avec nous : Emmanuel Den et puis Mermet. Daniel Mermet qui avait un talent fou. Qui est rentré à peu près en même temps que moi à L’Oreille en coin. Qui avait cette voix magnifique, et qui était extrêmement créatif. On était toute cette bande… un petit peu marginaux… on était dans des filières de saltimbanques, d’artistes quoi. (...)"

Et en troisième lieu, une description du travail en studio :
"Physiquement, Jean Garretto était derrière la vitre. On était prêt à raconter notre histoire au micro. Et on avait que les meilleurs techniciens de Radio France. Il y avait Yann Paranthoën, qui était aussi fébrile que Garretto, hein… Donc il y avait ces deux grands artistes du son qui travaillaient ensemble. Il y avait Jean qui disait à Yann : « Vas-y », pour qu'il ouvre le micro. Et Yann qui répondait : « Non, pas maintenant, pas maintenant ! » Puis alors, ça y est c’était le bon moment, et puis on voyait Garretto [Marie-Odile Monchicourt, debout, mime la scène, montrant Jean Garretto faisant un geste ample du bras et de la main pour amener l’ouverture du micro, les yeux fermés]… Ah ça y est, on pouvait prendre la parole ! (rires) On lisait notre truc, on posait la voix comme il aimait. Tout ça dans la musique, au bon moment."

Etonnant parcours, celui de Marie-Odile Monchicourt. D'abord comédienne de théâtre, elle est amenée à la radio par Kriss, amie d'enfance connue au lycée français de Bruxelles. Membre de L'Oreille en coin en 1977, elle part aux Etats-Unis en 1979 et en 1981, où elle fait des reportages pour France Culture (sur l'accélérateur de particules de l'université de Stanford, sur un psychanalyste jungien...). Plus tard, quand Jean Garretto devient directeur des programmes de France Inter, elle anime les après-midis de la chaîne. Puis une hebdo, qui devient ensuite quotidienne : "Poussières d'étoiles". Aujourd'hui elle est chroniqueuse sur France Info et travaille sur France Inter avec Kriss, dans "Un dimanche par hasard".



samedi, mai 14, 2005

Gilles Davidas

J'ai rencontré Gilles Davidas avant-hier. Il a travaillé à L'Oreille en coin avec son alter ego Thomas Sertillanges, à partir de septembre 1974. Ils ont commencé en abordant, par séries de 13 épisodes, les grands genres cinématographiques : les comédies musicales, le western... Il a continué jusqu'en 1980, année où il multipliait les missions et les émissions. Passé cette période d'hyperactivité et de surmenage, il est resté à part entière réalisateur "sur Inter", et adjoint de Jean Chouquet, conseiller aux programmes. Aujourd'hui, il est réalisateur à France Inter et à France Culture.

C'est étonnant, et constant, cette distinction que font tous les anciens de L'Oreille, entre l'émission et le reste de France Inter. Être à L'Oreille en coin, ce n'était pas vraiment appartenir à France Inter. L'Oreille un "Etat dans l'Etat".

Gilles Davidas m'a raconté comment la "révélation" lui était venue en travaillant, dès la première année, avec Yann Paranthoën. Jusque là comédien, il ne perçait pas vraiment. "Je ne crois pas aux talents cachés pour les autres, je ne vois pas pourquoi j'y aurais cru pour moi", dit-il. Et c'est en voyant agir Yann Paranthoën qu'il a vu ce qu'était la radio fabriquée, et ce qu'on pouvait en faire.

Sur la question des archives (existent-elles ou pas ?), il m'a appris qu'en principe, à l'époque "l'INA gardait une journée complète par mois et un week-end complet par moi, en archives, en simultané total. Donc il devrait y avoir quand même par année, une douzaine de week-ends comprenant L'Oreille en coin". Il faudra voir ça...

Nous avons aussi beaucoup parlé de la transmission de savoirs et de la culture radiophonique, du fait que la radio avait avoir avec les sens, le sensitif. Elle est aussi liée à l'histoire de chacun. La radio est une proximité, une intimité, un parfum, quelque chose d'éphémère et de permanent. C'est ce qui ressort de notre discussion, si je m'en souviens bien sans avoir encore réécouté entièrement l'enregistrement.

Revu Kriss. Elle m'a confirmé que la photo mise en ligne ici le 2 mai date bien de 1978 ou 1979.

lundi, mai 02, 2005

Pas facile

Pas facile de tenir le rythme quand l'emploi du temps est bien chargé par ailleurs. Dernière avancée en date : j'ai enfin reçu Les années Radio, de Jean-François Remonté et Simone Depoux (Gallimard, 1989). Ambitieux ouvrage illustré et riche d'anecdotes sur l'histoire de la radio en France, 1949-1989. Quelques pages sur L'Oreille en coin, bien entendu. J'y apprends que le changement de titre de l'émission a été demandé en 1971 par Jacques Sallebert, directeur. Après TSF 68, TSF 69, TSF 70 et TSF 71, l'émission est donc devenue L'Oreille en coin.

Je lis aussi que le dimanche matin a d'abord été occupé, lors de la première année, par le "Club Lelouch". Claude Lelouch reçoit dans son Club 13, lieu qu'il a ouvert peu de temps avant, Gérard Sire, Danielle Heymann, François Reichenbach, Paul Guth, José Artur... L'année suivante, le créneau horaire est pris par les chansonniers.

La connivence, passagère, entre Lelouch et cette Oreille encore en devenir ne m'étonne pas. Roland Moreno m'avait parlé d'un groupe d'amis, surnommé "la bande de l’avenue Hoche", où gravitaient Gérard Sire, Pierre Barouh, Claude Lelouch, Jacques Higelin... Cette proximité donne une image de ce que pouvait être l'esprit de l'émission à ses tout débuts.

Dans ce livre aussi, une photo du studio de L'Oreille en coin. Sans doute le 125, le studio historique de l'émission. Le cliché n'est pas daté, mais remonte vraisemblablement à la fin des années 70. De gauche à droite : Paula Jacques, Marie-Odile Monchicourt, Kriss, Agnès Gribes, Emmanuel Den, Katia David. Notez la paire de ciseaux de montage, au premier plan, prête à servir à tout moment !